Bonsoir.
Très tôt, j'ai été rejeté. La merveille ! Pendant toutes mes études primaires. Parce que maman nous avait appris à bien parler, à ma soeur, mon frère et moi. S'exprimer correctement m'a fait mal paraître aux garçons du quartier défavorisé où je vivais.
Dès ma première rentrée scolaire, au moins cinq ou six d'entre eux m'ont crié des noms : fif, fifi, fifille, fillette. Plus tard, s'ajouteront moumoune, tapette, et j'en passe.Je faisais tout pour passer inaperçu : raser les murs, me cacher dans un recoin, mais ils finissaient toujours par me remarquer. Ils m'injuriaient alors, m'administraient des taloches, me faisaient des crocs-en-jambe. Lorsque j'étais tombé, ils me décochaient des coups de pied. Un hiver, une « maîtresse » m'en a elle-même donné un. En désespoir de cause, je me suis présenté devant la soeur directrice et, sans nommer personne, lui ai confié que des écoliers me faisaient mal. Pour toute consolation, elle m'a recommandé d'unir mes souffrances à celles de Jésus en croix. À la maison, j'avais trop honte pour raconter à mes parents ce qui se passait à l'école. En bref, je me sentais comme un enfant différent, humilié, sans ami pour le défendre et sans aide. L'horreur !
À bientôt.